Lunel : "comment définiriez-vous Nelson Mandela ?"

 

Dans le cadre de leur enseignement pratique interdisciplinaire, des collégiens de Sainte-Thérèse ont interviewé les joueurs de rugby sud-africains du club de Montpellier sur leur vision des “années Mandela”. Récit de cet entretien.

Tout n'est pas à jeter dans notre réforme scolaire. Il y a des jours qui le prouvent : jeudi 23 février, vingt-sept élèves de 3e du collège Sainte-Thérèse se sont retrouvés à Montpellier.

Au balcon de l'Altrad Stadium, le fief de l'équipe de rugby qui évolue dans le championnat du Top 14, ils ont rivalisé de selfies avec Jannie du Plessis, Pierre Spies et Wiaan Liebenberg. Avec la bénédiction de leurs professeurs, aussi subjugués que leurs élèves par le professionnalisme bienveillant des joueurs sud-africains du MHR.

Travail journalistique

Le petit nom de l'alibi? EPI. Comprenez: Enseignement pratique interdisciplinaire. Le projet est on ne peut plus sérieux.Il fait le lien, depuis plusieurs mois, entre les cours de français (Mme Laignel), de technologie (M. Laignel) et de sciences humaines (M. Courcier) sur le thème: "Mandela, icône mondiale".

La passion pour le rugby de M. Laignel a astucieusement enrichi la problématique initiale qui est devenue: comment les Springboks (nom donné aux rugbymen sud-africains, NDLR) ont-ils vécu les années Mandela?

Ce projet a été nourri, en français, d'une biographie de Mandela, de son autobiographie (“Un long chemin vers la liberté”) et du film “Invictus” de Clint Eastwood sur la victoire mythique des Springboks lors de la coupe du monde 1995.

À la clé pour les élèves, répartis en équipes, un vrai travail journalistique: préparer les interviews de chaque joueur, jongler sur le multimédia (print, photos et capsules vidéo), le tout à des fins de publication sur le site web du collège. À cela s'est ajoutée la réelle valeur ajoutée de l'exercice pour ces jeunes: développer leur sens critique, s'ouvrir au monde, improviser. Bref, la vraie vie, en décollant le nez des cahiers ou d'Instagram le temps d'une journée.

 

"Une aura particulière"

Parmi les membres du MHR qui ont eu la chance de côtoyer Mandela, on pense d'abord à Abdelatif Benazzi, le Français qui disputa la demi-finale de 1995 contre les Springboks. Mais le manager du MHR a quitté ses fonctions en décembre. Robin Delaître, qui a facilité la rencontre au nom du Fonds de dotation du MHR, a alors proposé Pierre Spies, Wiaan Liebenberg, Jannie du Plessis et, cerise sur le gâteau, l'entraîneur actuel Jake White, déjà entraîneur des Springboks lors de la coupe du monde de 1995.

Si l'on met bout à bout la carrure et le pedigree de ces athlètes, la timidité naturelle d'un adolescent de 14 ans et le sujet un peu délicat pour un Sud-africain blanc - l'apartheid, tout de même -, on a une idée de la gêne des premières questions posées en français et traduite par Pierre, transfuge de 3e bleue pour l'occasion. Mais un peu de Top 14, quelques questions familiales et l'atmosphère s'est vite détendue. Et en matière de politique, les Afrikaners se sont révélés “cash”, n'ayant peur ni des mots ni des idées.

Une légende

Sur le fond, qu'a-t-on appris? Que pour tous, même ceux qui étaient très jeunes à l'époque, Mandela est bien une légende. Plusieurs ont employé le mot "aura", ont insisté sur sa sagesse. "C'était un homme de paix. Il a tout de même passé vingt-sept ans de sa vie en prison. Et bien je n'ai jamais entendu un propos haineux dans sa bouche", témoigne Jake White. À propos du soutien de Mandela à peine élu aux Springboks: "Il était très intelligent. Il savait que s'il tournait le dos à l'équipe nationale, il y aurait la guerre".

Plus intéressant, tous avouent qu'il a fallu "grandir" pour apprécier la valeur de ce qu'a apporté Mandela au pays. Avec le recul, ils critiquent assez sévèrement la déliquescence politique de leur pays natal et sa corruption actuelle: "Nous pouvions être fiers d'avoir l'une des meilleures équipes au monde, analyse Pierre Spies. Aujourd'hui, de nombreux talents choisissent de partir à l'étranger, dans notre sport comme dans d'autres domaines". Et notamment en France où les salaires sont très attractifs.

 

Cette arrivée de joueurs sud-africains s'est avérée une aubaine pour les jeunes Lunellois. Dédicaces personnalisées, étoiles dans les yeux… Emilie résume avec humour: "Ils sont simples, souriants, dispos, ont pris le temps de répondre à nos questions pas toujours pertinentes…" Et ne parlons pas des fans de rugby comme Mathys ou Guilhem, aux anges d'approcher des stars qu'ils voient parfois à la télé. Autant dire qu'à la fin de la rencontre, les joueurs avaient complètement éclipsé Mandela.

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