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Vendredi 7 juin, elle est venue rencontrer, accompagnée de son mari, nos élèves de 3ème et quelques uns de 4ème, pour raconter son histoire (qu'elle a mise par écrit dans "Les racines du silence" ). Née le 22 septembre 1944 (date d'anniversaire qu'elle ne souhaite jamais fêter, puisque cela lui rappelle de tristes souvenirs), elle est aujourd'hui médecin rhumatologue à Nîmes.
Elle est née dans un "lebensborn", en Norvège, d'une brève idylle entre une jeune Norvégienne et un soldat allemand des forces d'occupation. Les enfants, dans ces lieux, ne portaient pas de nom mais un matricule et leur seule filiation était celle du "Führer Hitler". C'est dans le cadre d'une politique de promotion des naissances et d'assainissement de la race "prétendûment supérieure" que les «Lebensborn» ont vu le jour. Ces maternités nazis avaient pour objectif de créer et favoriser une race pure mais étaient aussi des lieux "d'élevage" d'enfants, dont beaucoup de petits polonais, enlevés à leurs parents parce que de type aryen.
La Norvège fut au 1er plan de ce programe d'enfants du Reich, où 12000 enfants sont nés entre 1941 et 1945, car la Norvège était le berceau supposé de la race germanique nordique.
Mme Maroger a insisté sur la quête de l'identité, les difficultés d'être quand on ne sait pas d'où l'on vient, « Il est impossible à un être humain de vivre sans pouvoir s'enraciner dans la terre mère , au même titre que la plante s'enracine dans un sol nourricier, sans pouvoir situer son nom dans une descendance, le tracer en lettres indélébiles ».
Mme Maroger a explicité l'eugénisme de cette époque lointaine, qui a permis ces centres Lebernsborn, il y a 75 ans, en vue d'une race de dominants, mais aussi des tendances d'aujourd'hui qui questionnent le sens que l'on veut donner à la vie.
Après avoir supporté pendant des décennies le mystère de ses origines, Katherine Maroger s'est décidée, au milieu de sa vie, à remonter le cours de son histoire jusqu'à sa source. Refaisant le chemin à l'envers, revenant vers les fjords de sa terre natale, elle est allée à la recherche de sa mère biologique. C'est par miracle qu'elle a échappé au sort terrible réservé à tous les enfants issus de ces " élevages humains " et qu'elle a pu être adoptée, à l'âge de deux ans, par une famille française. Puis, ayant retrouvé sa famille norvégienne, elle retrouvera aussi plus tard son père allemand et pourra enfin revenir, apaisée, vers ses enfants et son mari.
Son mari l'accompagne toujours dans ses témoignages, et il est toujours aussi ému par l'histoire de sa femme.